La fête de la Sainte Croix ou de la Croix de Mai

Deux dates pour une seule Croix

Jusqu’au début du XXe siècle, deux fêtes de la Sainte Croix figuraient au calendrier romain. Le 3 mai est la fête de la découverte de la Croix (ou de l’Invention de la Sainte Croix)  par Hélène en 326 et le 14 septembre, la fête de l’exaltation de la Sainte Croix, célébrant son rôle central dans la foi chrétienne. C’est cette fête qui a pris une place plus centrale dans le calendrier liturgique chrétien.

En 1960, le pape Jean XXIII publie une réforme appelée le Code des rubriques (Codex Rubricarum), qui aboutira au nouveau Missel romain de 1962.

rome 5074421 1920 res

Par cette réforme le pape retire du calendrier la fête de l’invention de la sainte Croix (3 mai) , célébrée depuis la plus haute Antiquité pour commémorer la restitution des la relique, disparue après la prise de Jérusalem par les Perses. Fusionnant cette fête avec celle de l’exaltation de la sainte Croix, le 14 septembre.Donc, à partir de 1960-1962, seule la fête du 14 septembre reste officiellement célébrée dans l’Église catholique selon le calendrier liturgique romain.

Le cas particulier de la Fête de la Sainte Croix du 3 mai dans les pays hispaniques

Même si Rome (avec Jean XXIII en 1960) a officiellement supprimé la fête du 3 mai du calendrier universel de l’Église catholique, dans les pays hispaniques (Espagne, Amérique latine) — la célébration du 3 mai a persisté sous des formes populaires et culturelles fortes. En effet, dans de nombreux pays d’héritage espagnol ou portugais, le 3 mai est lié à la « Fiesta de la Santa Cruz »(Fête de la Sainte Croix), avec des traditions locales non liturgiques au sens strict mais enracinées depuis des siècles.

La fête de la Croix de Mai (ou Fiesta de las Cruces de Mayo en espagnol) est une célébration populaire aux racines chrétiennes et culturelles très anciennes, principalement célébrée en Espagne et dans certaines régions d’Amérique latine.

Dans de nombreux endroits, comme l’Espagne, le Mexique, le Pérou et d’autres pays d’Amérique latine, cette fête coïncide avec le début du printemps, lui conférant une aura particulière de renouveau et d’espoir. Dans le domaine religieux, le Jour de la Croix commémore la découverte de la Vraie Croix du Christ à Jérusalem par l’impératrice Sainte-Hélène au IVe siècle, mère de l’empereur romain Constantin.

fete de la Sainte Croix pupusas Salvador12

Avec le temps, cette célébration religieuse a été adoptée et transformée dans de nombreuses régions en fête printanière mêlant rites religieux et traditions folkloriques.

La Journée de la Croix est ainsi l’occasion de célébrer la culture, l’identité et les traditions de chaque lieu où elle est commémorée. Danses folkloriques, musique, cuisine traditionnelle et autres expressions artistiques enrichissent cette journée, en faisant un moment de joie et de rassemblement communautaire.

La Fête de la Croix de Mai dans différents pays

En Europe, c’est surtout en Andalousie (notamment à Cordoue, Grenade, ou Séville), que cette fête est très populaire. Dans ces villes, des croix décorées de fleurs sont installées dans les rues, les places, dans les passages et les espaces ouverts. Ces manifestations sont souvent accompagnées le soir de musique, danses flamenco, tapas, et festivités. certains endroits comme à Cordoue, les festivités peuvent durer plusieurs jours.

fete de la Sainte Croix pupusas Salvador11

Des tables hautes avec parasols sont  souvent installées un peu partout et sur la place principale pour déguster des plat traditionnels de fête. Les stars sont  les tortillas   (célèbre crêpe espagnole à base de pommes de terre, d’œufs, de poivrons et de chorizo, etc). Les « montaditos »  (sorte de sandwichs), les « pinchitos »  (petites brochettes de porc), les pinchos de tortilla.

A Cordoue, sur la place de la Compañía, la Confrérie de la Santa Faz prépare « les plats traditionnellement servis lors de cette fête, et dont les gens raffolent : le salmorejo, la tortilla, poivrons frits ou crevettes panées. Coté sucré, il est coutume de consommer des pestiños ou des flores fritas.

La fête s’est exportée avec la colonisation espagnole, dans divers pays d’Amérique Latine. 

Au Mexique

La Fête de la Croix, Día de la Santa Cruz, est très liée aux maçons et ouvriers du bâtiment, qui dressent des croix fleuries sur les chantiers. Quant à la gastronomie traditionnelle, c’est une journée où l’on déguste des Tamales, Mole poblano  (sauce au chocolat épicée servie avec du poulet),Pozole (soupe à base de maïs). Côté boissons on sert l’Atole ou le champurrado  (boissons chaudes épaisses à base de maïs).

fete de la Sainte Croix pupusas Salvador31

Au Pérou, la fête s’appelle « Cruz de Mayo », et elle est fêtée avec des danses et des offrandes à la nature. On y mange des Anticuchos ( brochettes de cœur de bœuf), des Picarones (beignets à la courge et à la patate douce avec sirop de chancaca). Le tout accompagné de Chicha morada (une boisson sucrée à base de maïs violet).

La Fête de la Croix au Salvador ( Coutumes et Gastronomie)

Le Jour de la Croix est  une coutume  pratiquée depuis l’époque des peuples indigènes puisque des rituels et des traditions ont toujours été pratiqués pour adorer ou vénérer la nature.

Au Salvador, le mois de mai correspond généralement au début de la saison des pluies, qui est essentielle pour l’agriculture.La croix décorée avec des fruits, des feuilles vertes et du maïs représente une offrande pour remercier la nature et demander une bonne récolte.Bien que la fête ait une base chrétienne (la Croix du Christ), elle conserve un fort symbolisme hérité des traditions indigènes : on célèbre la fertilité de la terre, la pluie qui nourrit les plantes, et le cycle de la vie.

Tout ce symbolisme est présenté avec l’image de Xipe Tótec (notre seigneur écorché) représentant l’arrivée des pluies et la période de fertilité de la terre.Le fait d’installer une croix ornée de fruits et de fleurs, et de remercier pour les pluies et les récoltes, est très proche des cultes agricoles précolombiens rendus à Xipe Tótec.

La Croix de Jiote

fete de la Sainte Croix pupusas Salvador19

Avec l’arrivée des Européens, les rituels des peuples autochtones ont modifié leurs symboles et leurs traditions, changeant l’image de Xipe Tótec en celle de la croix du bâton Jiote,

fete de la Sainte Croix pupusas Salvador39

Une croix en bois de l’arbre jiote (Bursera simaruba) est placée à l’extérieur des maisons, dans les cours, dans les écoles et sur les lieux de travail.

Cette croix, sorte d’ autel domestique,  est décorée de chaînes en papier de soie, de confettis et de différents fruits de saison sont placés au pied de la croix, tels que des mangues, des jocotes, des coyoles, il s‘agit surtout de  fruits autochtones mais on peut y placer n’importe quel fruit. Les personnes qui veulent prendre un fruit de l’autel doivent selon la tradition, s’agenouiller et se signer.

Cette croix est érigée en honneur de la terre nourricière, comme les anciens en faisaient pour honorer les dieux des semailles.  

Une gastronomie festive

La cuisine salvadorienne est un délicieux mélange de saveurs ancestrales avec des ingrédients locaux, où les haricots et le maïs sont les ingrédients principaux des plats et des desserts. Parmi les nombreux plats traditionnels, on doit nommer les Pupusas. Il s’agit du plat le plus populaire de la cuisine salvadorienne et l’un des préférés des Salvadoriens.

La pupusa est une tortilla à base de pâte de maïs ou de riz farcie de fromage, de haricots, de couenne de porc, de fromage avec du loroco ou de la courge.

fete de la Sainte Croix pupusas Salvador4

Les versions modernes ajoutent d’autres ingrédients non traditionnels tels que du poulet, des fruits de mer et des herbes comestibles pour tous les goûts.

Les pupusas peuvent être consommées à tout moment de la journée, mais les Salvadoriens les mangent principalement au petit-déjeuner ou au dîner.

D’autres spécialités qui sont couramment proposées pendant la fête sont les tamales de elote (maïs doux), yucas fritas (manioc), buñuelos (beignets), empanadas de plátano (chaussons au banane plantain ). 

Les accompagnements ou garnitures traditionnels des pupusas

Ce plat est traditionnellement accompagné de:

Curtido: une salade fermentée à base de chou et autres légumes.

Salsa roja:  une sauce tomate liquide et légèrement épicée. 

Comment les mange-t-on?

On ne coupe pas les pupusas avec des couverts, on les mange avec les doigts, en les arrachant doucement et en prenant un peu de curtido et de sauce à chaque bouchée. Pendant les célébrations, elles sont servies avec une boisson gazeuse traditionnelle comme l’horchata, un café ou un chocolat chaud.

La Recette 

Je vous propose la recette de pupusas de arroz (de riz) que vous pouvez réaliser en version végétarienne avec du fromage ou 100% végétale en remplaçant le fromage par son homologue vegan. 

Le quesillo salvadorien utilisé pour les pupusas est un fromage frais et filant typique d’Amérique centrale, particulièrement du Salvador. Il ressemble en texture à la mozzarella et il est fait à partir de lait de vache et plus rarement,  mélangé avec du lait de chèvre. La cuisson traditionnelle des pupusa se fait sur un comal.

Pour environ 10 pupusas

Ingrédients

  • 200g de farine de riz blanche

  • 40g de beurre (ici végétal)

  • 200ml (environ) d’eau bien chaude

  • 200g de « quesillo » ou mozzarella râpée (ici végétale)

  • 1 petit piment (type jalapeño), haché finement

  • 150g de tomate, épépinées et coupées en petits morceaux

  • Sel et poivre

Pour accompagner

Curtido escabèche salvadorien. Ma recette ICI.

Préparation

  • Mélanger le fromage râpé, le piment et les tomates.
    Réserver.
  • Placer dans un bol la farine de riz, faire un trou au milieu et ajouter le beurre.
    Ensuite verser progressivement de l’eau chaude (la quantité exacte dépend du pouvoir d’absorption de la farine utilisée) .
  • Mélanger rapidement avec une cuillère en bois pour bien intégrer, si la pâte est trop sèche ajouter un peu d’eau chaude encore.
    Si le mélange est trop collant, ajouter un peu plus de farine.
    La pâte doit être souple, légèrement collante mais modelable.
  • Prendre une boule de pâte (environ de la taille d’une petite mandarine) avec vos mains huilées (vous pouvez utiliser des gants comme dans la vidéo mais je préfère les mains huilées).
  • Former des boules de pâte et ensuite les aplatir légèrement en formant un petit disque.
  • Déposer au centre 1 bonne cuillère à soupe de la garniture fromage-tomate-piment.
  • Refermer la pâte autour de la garniture pour sceller complètement la galette.
    Tapoter la galette pour éviter que la farce fuite.
  • Aplatir doucement pour former une pupusa ronde et d’environ 1 cm d’épaisseur.
  • Chauffer un comal (plaque plate) ou une grande poêle antiadhésive à feu moyen.
  • Une fois chaude, déposer les pupusas dessus sans ajouter d’huile.
    Cuire environ 2-3 minutes par côté, jusqu’à ce qu’elles soient dorées et que le fromage commence à légèrement s’échapper.

Servir telles qu’elles ou accompagnés des accompagnements traditionnels, sauce tomate épicée ou curtido.

Je vous laisse deux vidéos:

La première , une recette des pupusas pas ,à pas (en espagnol)

La deuxième, une recette de curtido pas à pas (en français).

PAT GLOSSAIRE

Glossaire

Xipe Tótec est le dieu de la renaissance. Son nom signifie « Notre Seigneur l’Écorché » en nahuatl. C’est une déité principalement Aztèque, mais aussi vénérée par d’autres peuples mésoaméricains, comme les Pipils, ancêtres de nombreux Salvadoriens.

Comal (du nahuatl « comalli ») est un ustensile de cuisine datant de l’Antiquité utilisé en Amérique Centrale et servant à cuire les tortillas.

Il s’agit d’une sorte de plancha, plate et sans bords, jadis faite en terre cuite et désormais en aluminium ou en acier.

Réflexion du jour…

Je suis la peau qui se déchire pour offrir une nouvelle vie. »

« De la terre jaillit la graine, et de ma chair naît la vie. »

Xipe Tótec, Dieu de la transformation et de l’agriculture

COUVERTURE / Giovanni Battista Cima da Conegliano, Public domain, via Wikimedia Commons Sainte Hélène de Constantinople, 1495, Giovanni Battista Cima da Conegliano (1459–1517).

Qu'en pensez-vous ?

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

2 Commentaires
  • Patricia Gemelli
    30 avril 2025

    Belle fin de semaine à toi aussi JAckie! Bisous.

  • Jackie
    30 avril 2025

    Une recette découverte à retenir. Merci Patty. Bisous et belle fin de semaine